DE l'USINE HERAUD
AU VILLAGE D’ENTREPRISES ERO
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Que de chemin parcouru, quelle belle aventure Sorguaise avec cette usine qui a compté jusqu'à 500 salariés.
Mes frères : Ulysse , Michel … mes oncles : Chouvet , Chevalier … , mes cousins : Chauvin …, ma belle sœur Yvette SEVERI …, et combien d’amis et connaissances , y ont travaillé !
Qui à Sorgues, n'a pas un parent, un ami, un voisin, ancien de chez HERAUD ?
Il existait un profond sentiment d'appartenance chez ces ouvriers , ces employés, qui étaient fiers de participer au développement de leur entreprise .
A un point tel, qu'ils prenaient plaisir à faire partager leur enthousiasme, leurs expériences, autour d'eux , en famille, entre amis.
On se souvient de l'avenue CESSAC (devenue Pompiers , puis Sécurité Sociale ) , avec la fabrication des chauffe-eau estampillés HERAUD . Une référence de choix et de qualité parmi le « Made in France ».
La flotte de camions de l'entreprise sillonnait la France entière pour effectuer les livraisons..
L'usine avait même son propre atelier de menuiserie, afin de confectionner les emballages de ses productions.
On peut dire que c'était une entreprise « intégrée » où pratiquement tout était manufacturé sur place, sans faire appel à de la sous-traitance :
De la fabrication à la livraison !
Je serais tenté de citer les noms de tous ces Sorguais qui ont œuvré chez HERAUD. Mais plusieurs pages ne suffiraient pas et j'en oublierais.
Je pense cependant à MM. Pierre BELLUCI , Henri PLAZA, par exemple. Des personnalités locales bien connues qui ont ensuite créé leur propre entreprise dans notre ville .
Tous deux avaient fait leurs armes dans cette usine (Sans jeu de mot pour PLAZA devenu armurier, ou BELUCCI président de la chasse ... )
Il y avait aussi Jean MENARD, un copain d'enfance, qui a prolongé la vie des chauffe-eau après liquidation de l'usine dans les années 80.
Celui-ci avait en effet eu l'idée géniale de racheter le fonds de pièces détachées mis aux enchères . Ainsi équipé, il a longtemps assuré, à son compte, la maintenance des chauffe-eau ERO .
Un bel exemple de résilience !
Apres CESSAC , nous nous souvenons que la demande prenait de grandes proportions, il fallut alors s'agrandir .
L'usine fut transférée à LA MALAUTIERE pour prendre des dimensions et capacités de production bien plus importantes .
Il y eut aussi « l'aventure brésilienne » tentée par un frère HERAUD qui s'exila dans ce pays en développement pour produire sur place les équipements sanitaires qui faisaient besoin dans cette lointaine contrée.
Que de discussions passionnées à la maison autour des questions quotidiennes sur ce travail que les HERAUD aimaient tant .
Ils connaissaient tous chaque poste de travail, de la « guillotine » à la « repousseuse »...
Et que dire de l'extension vers la production des chaudières, si chères à ROUSSELET, un responsable syndical. Et les cabines de douches ? …
De nécessaires efforts d'adaptation au marché pour affronter une concurrence impitoyable … Tels étaient les objectifs du patron solidement épaulé par un personnel motivé et volontaire .
Mais, insidieusement vint le déclin, la mondialisation commençait à frapper. Peu à peu les difficultés surgirent et, au final, l'usine fut vendue ….puis démantelée.
Pourtant bien des tentatives furent mises en œuvre pour essayer de sauver tous ces emplois, ce bel outil de travail...
Rien n'y fit .
La mairie de Sorgues décida alors de racheter ce qui était devenu une des plus grandes friches industrielles de France.
Judicieusement conseillée par un cabinet d'étude spécialisé, l’équipe municipale décida de valoriser et revitaliser ce site. Un objectif ambitieux : créer autant de nouveaux emplois qu'aux plus beaux jours de L'USINE HERAUD .
Sous la pression et compte tenu de l’expérience d’un solide panel d’élus engagés comme Charles VALENTI , Gilbert MARIGNANE, André KAIRO, Maryse PARDO, Henri FIDENCY… chacun se mit à l’ouvrage.
Une SEMAS ( Société d'Economie Mixte d'Aménagement de Sorgues ) fut constituée .
Daniel DIJON , Raymond CHABERT et moi-même fûmes nommés Administrateurs sous la présidence de Fernand MARIN, le maire en exercice.
Monsieur Gilbert RABANEL , ingénieur , était le Directeur des services techniques municipaux.
Son rôle fut déterminant dans la commercialisation des lots destinés aux artisans et commerçants qui souhaitaient s'installer dans les différents locaux et ateliers désaffectés.
Monsieur RABANEL excellent interface entre les experts et nous même, élus , savait vulgariser les données juridiques complexes.
Avec patience, professionnalisme et détermination il nous aida à mener à bien cette réalisation . Une ambition un peu folle et démesurée dont la réussite fut qualifiée d' exploit .
Ainsi , tout fut vendu. Cette opération de création du village d'entreprises ERO affichait un bilan financier largement positif.
En effet, toutes les dépenses furent amorties et il n'en coûta pas un centime aux contribuables Sorguais !
Je veux modestement préciser qu'en tant qu'administrateurs bénévoles, nous n'avons jamais réclamé ni perçu la moindre indemnité pour notre travail .
Voila comment s'est achevée la belle aventure de la famille HERAUD qui a dynamisé pendant des décennies le tissu économique de Sorgues et alentours
Signalons que monsieur HERAUD avait accepté que l'on appose le sigle ERO sur le site de son ancienne usine.
Ayons un souvenir ému envers tous ces salariés qui ont mis leurs savoirs, savoirs faire, leur force de travail , leur énergie dans cette belle entreprise.
Ils en étaient récompensés : Les salariés de chez HERAUD ont compté parmi les mieux payés de la région.
Dans ce cas, comment ne pas comprendre leur totale implication dans la bonne marche de l’entreprise ?
Sorgues, ville aux traditions ouvrières, a su et fera perpétrer son dynamisme en s’appuyant sur ses forces vives de travail et de création .
Louis GERENT
22mai2023
PS Un grand merci à Robert et Geneviève DEYMIER qui m’ont ouvert leurs dossiers personnels de photos et documents me permettant ainsi d’illustrer les présents propos.
J’ai senti leur grande émotion durant leur évocation de cette extraordinaire épopée .
Au travers leurs explications j’ai vu revivre cette formidable machine HERAUD qui a fait et fait encore la fierté des Sorguais.
Membres de cette famille d’industriels ils ont eux-mêmes apporté leurs compétences au sein de l’usine.
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Photos de Robert Deymier
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Pause casse croute et un groupe d'ouvriers avec à gauche "Tatave" ainsi que deux équipes lors d'un tournoi de foot.