C’ETAIT EN 1960, LES CHEMINOTS ETAIENT ENCORE ESTIMES … ET RESPECTES .
(Mais les temps ont bien changé)
Nous avions 18 ans et nous étions parents, déjà !
Janny se tient , notre bébé dans les bras , près de son lavoir approvisionné en eau par une pompe à main .
En fond de toile, on aperçoit notre pittoresque village d’adoption : CADENET .
Après deux ans de formation
Dans les gares de SORGUES- CHATEAUNEUF DU PAPE , BARBENTANE- ROGNONAS, ISLE- FONTAINE DE VAUCLUSE , LE THOR …
Tout cela en alternance dans les écoles professionnelles de la SNCF , en Avignon, Valence , Lunel …
Nous voici « expédiés d’office » à :
CADENET , SA GARE MAJESTUEUSE ET UN SI BEAU VILLAGE PROVENCAL !
Pour Janny et moi , une découverte. Mais un déracinement , si loin de nos familles !
Un accueil si chaleureux, d‘abord par notre chef de gare, monsieur Henri GRAND et sa famille, mais aussi par les voisins, les familles Blanc et Jaumary, de sympathiques agriculteurs.
Tous, nous ont cajolés comme si nous étions leurs propres enfants.
Dans notre petit deux pièces au premier étage de la gare, à côté de l’appartement du chef de gare nous n’avions rien . Un robinet d’eau froide dans la cuisine, ni chauffage ni sanitaires .
Mais nous n’étions pas habitués au luxe et avec mon tout petit salaire on se débrouillait , on ne se plaignait pas .
Nous étions heureux dans cet environnement accueillant et protecteur, autant du point de vue professionnel qu’au sein du village.
Il faut dire qu’à cette époque les agents de la SNCF avaient « bonne presse » !
Nous avons passé sept belles années à CADENET, le pays où la statue du tambour d’Arcole domine la place centrale .
Janny était devenue la garde barrières du passage à niveau N°35 à côté de la gare .
Que ce soit parmi les nombreux clients de la gare , à la Poste où on nous appelait « collègue », à la gendarmerie , ou chez tous les commerçants du village nous eûmes tôt fait de nouer des liens d’estime réciproque et même de considération .
En effet un jeune adjoint au chef de gare et une aussi jeune garde barrière cela faisait évènement.
Un beau début de carrière active qui nous a fait aimer notre si captivant métier .
Durant ces sept années je n’ai cessé d’étudier grâce aux possibilités offertes par la SNCF : inscription gratuite au CNTE (centre national de téléenseignement), écoles de Valence , Lyon (Château de La Bâchasse) et autres perfectionnements .
C’est ainsi qu’en juillet 68 je fus nommé chef de gare à LA CÔTE ST ANDRE dans l’Isère, cité natale de BERLIOZ , puis l’année suivante sous chef de gare en Avignon … Je venais de fêter mes 27 ans.
Pour me suivre , Janny a renoncé à sa propre carrière. En effet, les garde-barrières étaient reconverties en agents de bureau et pouvaient progresser dans cette filière .
Sans son aide précieuse, son soutien en toutes circonstances, je n’aurais jamais pu poursuivre toutes mes études et formations professionnelles qui exigeaient de longues absences.
Elle l’a supporté sans jamais se plaindre alors qu’à l’âge de 25 ans elle était maman de trois enfants et que nous vivions avec de modestes revenus.
Aujourd’hui nous sommes bien récompensés de tous ces efforts qui nous permettent de jouir d’une paisible retraite. De retour dans notre belle ville de naissance , SORGUES , que nous aimons.
Et quel plaisir de revoir tous nos copains de « LA CLASSE 46 élargie » , croiser nos anciennes connaissances, évoquer nos souvenirs . Prendre le temps de vivre à notre rythme, sans précipitation, heureux de profiter de nos petits enfants et arrières petits enfants.
Louis GERENT
Avec l’aide de Janny .
25mars2024