Overblog
Editer la page Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
/ / /
Saga d'une famille de nantis
Saga d'une famille de nantis

 

Il était une fois deux

(très) jeunes  cheminots .

 

SAGA D'UNE FAMILLE DE  NANTIS

 

A moins de 20 ans, ils foulaient déjà  le ballast, marchaient sur les rails et vivaient en un lieu enchanté :

 

LA GARE DE CADENET.

 

Mais pour ces jeunes Sorguais Cadenet, c'était tout de même le bout du monde !

En effet après plusieurs gares de formation comme Sorgues, Barbentane-Rognonas , L'Isle -Fontaine-de-Vaucluse, Le Thor …. Il a fallu accepter un « poste fixe à leur compte » dans un village inconnu à leurs yeux.

Village qui, pour eux, devint rapidement un petit paradis. D'ailleurs il  attirait presque tous les dimanches des membres de leur famille venus de Sorgue et environs. .

Parfois c'était monsieur TRICCA le cordonnier de la rue Ducrès, originaire de Pertuis, qui déposait Papé et Mamé GERENT en gare de Cadenet.

 

Dans leur majestueuse et coquette gare, un minuscule  logement était réservé au « facteur mixte » Cela suffisait au jeune couple (Ils venaient d’avoir 18 ans) et à leur bébé.

Le chef de gare un « vieux » de 45 ans  couvait son jeune  adjoint.

Avec son épouse, la Janou , ils dorlotaient cette petite famille. comme s'il s’agissait de leurs propres enfants.

 

Le métier au quotidien, levé de bonne heure pour le premier train, dès 5 heures du matin, c'était d'abord la sécurité. Il y avait aussi les colis, les wagons de primeurs pour toute l’Europe. Et puis nettoyer la gare, entretenir les aiguillages, manœuvrer, accrocher les wagons …

Sécurité d'abord ! En voie unique les trains des deux sens circulent sur la même voie. Attention aux rencontres ...

Les clients de la gare disaient au Chef  : «  … C'est pas dangereux de laisser ces gamins seuls pour faire circuler les trains ? »

 

Alors monsieur Henri GRAND, le respectable chef de gare répondait tranquillement : «  il y a 2 années de formation, la pratique du terrain et les écoles , la SNCF c'est du sérieux ! »

Il était reconnu  au village notre chef de gare. Une personnalité, un notable. Qui aurait osé le contredire ?

Et puis il savait diriger, conseiller, contrôler  son personnel !

 

Mais alors ….. Tout lui était permis : Il roulait ses cigarettes faites à la main avec du Bergerac et jetait les mégots au sol.

Les jeunes cheminots ne bronchaient pas, même s'ils devaient  astiquer le bureau au quotidien et même cirer le parquet. D'ailleurs j'étais aussi chargé de tenir les abords de la gare bien propres y compris nettoyer les WC. Je puisais l'eau au puits  avec la  pompe  à main. Pas de robinet dans la gare.

 

Avec l'uniforme toujours impeccable, la casquette posée fièrement sur le sommet de la tête, la lanterne à carbure aux cuivres bien astiqués il marchait la tête haute le « facteur mixte » , le long des trains pour vérifier si tout allait bien avant de donner le signal de départ .

Pour cela  il fallait  réaliser les ententes avec les gares encadrantes Mérindol et Pertuis. ( Lauris et Villelaure n'intervenaient pas dans la sécurité des circulations ) Echanges de dépêches, annonces codées par cloches réparties tout le long de la voie. Ainsi  les gardes barrières du parcours savaient qu'un train était annoncé. A charge pour ces vaillantes cheminotes de consulter le « tableau de succession des trains » et de se conformer au règlement : « régime barrières fermées 10 minutes avant l'heure normale de passage, ouverture à la demande et vigilance  du côté du train attendu. »

 

Plus tard les PN ont été équipés de sonneries d'annonce ce qui facilita la tâche des gardes.

 

Lorsque  Janny, jeune garde barrières prit du service elle reçut une Formation à la sécurité, subit des  examens médicaux, des tests de sécurité et enfin fut gratifiée d'un diplôme appelé « certificat de capacité ». Il fallait le renouveler chaque année pour pouvoir remplir de telles  fonctions au PN35 situé sur un axe routier très fréquenté reliant  Apt à Aix en Provence.

Horaires de 5h50 à 21h00 avec des coupures entre les séries de trains. Surveillance de l'arrivée des trains conformément à son  tableau de succession. Les trains  n'avaient pas le droit de circuler en avance … mais parfois ils étaient en retard ! Alors ouvrir, fermer les barrières, un sport de compétition pour ce petit bout de femme qui l'accomplissait sans faillir jamais, tout en vaquant à ses occupations ménagères ,élever ses 2, puis 3 enfants . Tout cela avec une grande fierté et un sérieux reconnu par tout le voisinage et les usagers.

 

Pour les Amis de « LA CLASSE ELARGIE »Je terminerai cette petite évocation paradisiaque en la datant et en nommant un peu ceux qui en furent les acteurs.

D'abord Janny et moi  avions 18 ans en 1960 et déjà parents de Corinne.

Si les trains ne circulaient pas en avance, nous n'avions pas pris de retard pour assurer la relève.

 

Devenus parents de trois enfants puisque Jean-Louis et Dominique sont des produits cadenétiens,  nous avons quitté notre village d'adoption  en 1968. Une promotion pour  la gare de Courthézon. Mais aussi un déchirement.

 Il fallait cependant  progresser et construire notre carrière pour devenir rapidement, l'année suivante, chef de gare à La Côte ST André (isère) , puis concours et examens en poche , Contrôleur du transport à Valence et, la même année, sous chef de gare à Avignon ( 1969 .)

 

Ainsi à  27 ans nous  rejoignîmes notre chère ville natale de Sorgues.

 

A Cadenet nous gardions Monique, Danielle, Jacques, Nadine, Joëlle : les enfants SEVERI, nos neveu et nièces.

Les Sorguais ont connu mon beau père, René SEVERI marchand de charbon, son fils LOLO , père de la marmaille que nous gardions et qui prenaient grand plaisir à passer des vacances chez leurs jeunes tante et oncle . Lolo (Laurent) ancien de l'électro s'était reconverti en représentant de commerce notamment en chaussures de qualité. Il avait en son temps foulé les pelouses du stade Maurice chevalier comme joueur de XV redouté avec Titou Lassia et Kiki Desseinge.

Nous gardions aussi bien d'autres neveux et nièces comme Josiane, Brigitte et Christian MALINVERNO dont le père Georges, bien connu et estimé à l'Electro avait pris pour épouse Yvette SEVERI.

Et bien sûr Jean Pierre Gérent mon neveu et filleul, fils de Michel ouvrier chez ERO puis joueur et arbitre de rugby à XV.

Nous pourrions en citer beaucoup d'autres … Janny a toujours eu la passion des enfants.

 

Embauché  en 1958 en gare de Sorgues comme élève du transport, 10 ans après cette  alternance travail  / études nous sommes revenus à Sorgues. Entre temps Janny avait sacrifié sa carrière cheminote pour privilégier et faciliter celle de son mari. Et c'est grâce à elle et à son soutien constant qu'il a pu accéder à ses futures fonctions.

 

Fonctions de direction désormais, mais sur le terrain. Chaque jour, nuit, matinée, soirée, en 3/8 je rejoignais la gare d'Avignon et ses multiples chantiers, voyageurs, triage de Champfleury, PRS, (poste de circulation) etc.

Un métier exaltant, empli de découvertes, le rail était en  constant développement.

Des fonctions multiples  assumées dimanches et jours de fêtes, braver intempéries, être soudé  au personnel du terrain, fendre la foule des clients tout en les servant au mieux .

On pouvait compter sur le  savoir faire de chacun,  acquis et perfectionné au jour le jour. Ainsi épaulé le dirigeant (sous chef de gare) pouvait exécuter avec une précision d'orfèvre le plan de transport, veiller à la régularité des trains et à un fonctionnement harmonieux de cette grande et belle dame SNCF.

 

Mais tout cela c'était … avant !

 

Louis et Janny

  GERENT

 

 

Partager cette page
Repost0
la classe46elargie

Présentation

  • : Le blog de la classe46elargie
  • : les photos de nos rencontres
  • Contact

Recherche

Pages

Liens